L'architecture biologique de l'entreprise

Tout groupe est incarné par son dirigeant, dont la vocation consiste à souffler, inspirer, éclairer et guider la communauté de sa vision. C’est la référence à l’Esprit Saint, consacré comme une des trois personnes de la sainte Trinité chrétienne par les conciles de Nicée et de Constantinople au IV° siècle. Aussi l’esprit de l’entreprise est caractérisé par la vision du projet portée et clamée par son dirigeant suprême (Pneuma) qui, symboliquement, l’a reçu, tel Moïse au contact du buisson ardent *, d’une dimension qui dépasse les limites de sa propre personne (Noos). Il en est de même pour chacun d’entre nous, dans notre vie professionnelle comme personnelle, à l’égard de ceux et celles qui devraient en favoriser la bonne mise en œuvre.

Cette vision créative, le dirigeant va devoir la porter et la faire partager à d’autres pour la concrétiser au service d’autrui, à l’image de Steve Jobs pour la tablette tactile. Et d’abord à son Comité de direction. Toute la difficulté à ce stade est de se faire comprendre en exprimant par le verbe sa vérité, ce qui suppose en anatomie la qualité des glandes thyroïde et para thyroïde situées sous le larynx.

Se pose ici la première difficulté relationnelle, entre le chef d’entreprise et la partie la plus intime de l’entreprise, son premier cercle. Si son intention n’est pas clairement comprise, la relation est faussée, et l’esprit du projet sera dénaturé. Son vrai pouvoir, c’est de contrôler que cette vision, déterminante, est partagée par ses relais, et non l’illusion du pouvoir hiérarchique, inconsistant car dévitalisé. Si la proximité de Dieu est supposée élever au rang de saint, c’est oublier que la servitude n’est pas de " l’autre monde ", autrement plus attaché à servir qu’à être servi et, au passage, se servir…

* " Je suis Celui qui suis " ou " L’Être est l’Être " : ainsi se présente à Moïse le Créateur, signifiant la contemplation de l’Être par Lui-même, soit le passage de l’unité à la dualité, ferment de Sa Création.

Pont entre la matière et l’esprit, la parole est créatrice, fondatrice * : ainsi, lorsque les grands prêtres édictèrent les dix commandements, ils contribuèrent à créer ce qui auparavant était absent dans la conscience des hommes. Ils ont " sacralisé " le mal, que pourtant ils interdisaient … La parole est soit un verbe mort, soit un verbe vivant, selon qu'elle correspond à un verbiage creux ou à un contenu à caractère sacré. Faire bien attention à la Parole, sans mensonge ni déformation, permet de délivrer, élever, servir l’harmonie et ne pas corrompre les plans inférieurs. Ce n’est qu’en atteignant l’expression d’une pensée purifiée et manifestant les vertus les plus hautes, que le verbe recouvre toute sa puissance créative par les résonances qu’il entraîne.

* L’une des premières puissances conférées par le Créateur à Adam est le pouvoir de nommer. Le nom prononcé devient ainsi source de pouvoir, par toute la substance sacrée liée. Ce qu’entre autre figure la célèbre formule magique d’Ali Baba " Sésame ouvre-toi ".

 

L’âme de l'entreprise et les valeurs qui en découlent est incarnée par le Comité de Direction/l’équipe dirigeante. Si l’âme n’a pas de validation scientifique, reprenons ce qu’en dit sainte Catherine de Sienne, Docteur de l’Église, à propos de ses trois puissances (la trinité psychologique) : une mémoire, une intelligence, une volonté. Aussi l'âme est l’interface entre la réalité physique de notre univers (celle accessible à nos sens) et l’extérieur de cet espace-temps global. Elle est symbolisée ici par la pyramide maya, qui à la différence de son homologue égyptienne, se caractérise par une structure chapeau (et non pointue) solide car incarnée.

Dans l’entreprise, le dernier étage est en règle générale celui de la Présidence et de la Direction Générale. C’est la dimension sacrée, à savoir l’incarnation collective émotionnelle (sentiments) et partagée de la vision stratégique au plus haut niveau, entre ses membres masculins comme féminins. Elle est empreinte de l’esprit du dirigeant, pour en assurer la transmission auprès des organes en charge de sa réalisation, soit le système sanguin de l'entreprise. Si les relations du collectif dirigeant ne sont pas animées par le même état d’esprit, c’est la lutte des égos, qui débouchent sur les fameux états d’âme du collectif. Les personnes risquent ainsi de s’époumoner, de manquer d’air. C’est alors une difficulté relationnelle potentielle, déterminante dans ses conséquences sur l’ensemble de l’organisme. Comment pouvons-nous nous entendre ensemble pour donner une âme à l’entreprise ? Ceci vaut pour le chef d’entreprise comme pour chacun d’entre nous dans la bonne ou non réalisation de nos projets, en association avec d’autres.

 

Dans son architecture, il y a d’abord la colonne vertébrale dans sa relation aux organes par le biais des systèmes nerveux autonomes du système nerveux central (ou cérébrospinal) du cerveau, lui-même connecté avec le cœur par les signaux que ce dernier lui adresse en permanence. Cet ensemble est appelé le tronc (Cf. image), " sympathique " quand le système nerveux sert à accélérer, à susciter le désir, et " parasympathique " (ou nerf vague) lorsqu’il sert à freiner, à inhiber les actions mentales trop actives. L’idéal est bien entendu son équilibre. Tous deux dépendent du cervelet, situé dans la partie postérieure du crâne. Ce tronc est relié dans le corps à la tête, le cerveau, par la moelle épinière, siège du système cérébro-spinal.

Dans l’entreprise, il s’agit du management relais ou intermédiaire, qui a en charge l’animation du lien social avec les équipes et personnes ainsi que le pilotage de la production. Il assure le passage de la vision, celle du dirigeant, à la mise en œuvre, à la production, et il contribue à l’animation du lien social avec l’ensemble de la communauté. C’est le réseau de communication et de commandement. Symboliquement, il a un choix à faire. Être (para)sympathique en développant et favorisant les relations humaines, en assurant la fluidité, la relaxation et la régénération. Ou considérer sa raison d’être comme le nerf de la guerre (priorité à la compétition, à la mise en tension) et la protection contre les menaces extérieures, avec tout ce qui en découle… Comme pour le bon fonctionnement du corps, c’est un juste équilibre entre les deux qu’il convient de permettre : l’impulsion dans la confiance et le partage. Sinon, il en découlera les réactions émotionnelles violentes comme la frustration, la haine, la colère, l’envie, la jalousie, la peur… et c’est sur les endroits sensibles que seront subis les maux, du corps (ulcère, cancer, rupture de vaisseaux…) comme de l’âme (hyper-émotivité, irritabilité, dépression, agressivité, insomnie, boulimie, anémie, stress).

Se pose la question de la cohérence, individuelle comme interrelationnelle, de ce corps découlant de l’âme et de l’esprit, avec le Comité de Direction.

Deuxième spécificité du Corps, les viscères * (intestin, foie, pancréas, poumon) et les muscles, soit les collaborateurs, dans leurs spécialités fonctionnelles respectives. Ils assurent le fonctionnement de la production, soit la transformation de l’énergie en mouvement, en action, ainsi que son équilibre, sa vitalité, sa motricité. Viscère, comme la " Vie sert ", soit la fluidité fonctionnelle, ou "serrer la vis ", débouchant sur la conflictualité relationnelle. C’est l’état de santé de l’organisme, humain comme organisationnel, celui de l’ordre garant de sécurité, ou du désordre. Le flux de la vie n'est rien d'autre que l'interaction harmonieuse des éléments et des forces qui structurent le champ de l'existence. Il traduit la qualité de notre " respire " et de notre sécrétion d’hormones. La qualité de la réaction de l’organisme au stress repose sur l’état général de l’organisme. Si le système immunitaire est déficient (production de globules blancs altérée), il n’est plus en mesure d’intercepter les virus et les bactéries, et de produire des anticorps. Il est alors malade.

* Un intestin malpropre, c'est le risque d'une immunité déficiente, entraînant une vulnérabilité plus grande aux maladies infectieuses et inflammatoires touchant les sphères digestives, respiratoires, urogénitales, etc. De plus, un côlon (segment du gros intestin) " malade " est aussi un facteur déclenchant de troubles émotionnels : ce sont les cellules de l'intestin qui produisent 80 % de la sérotonine qui se trouve dans notre corps, qui est l'hormone de la bonne humeur. D'une certaine façon, l’intestin est notre " troisième cerveau " (le second est le cœur), nécessitant que nous en prenions le plus grand soin.

De son côté, le diabète de type 2, qui traduit un problème de communication entre le foie et le pancréas, est lié à la trop grande absorption de sucre. Au-delà de la nécessaire absorption d’insuline pour le réguler, il a été constaté le bénéfice de la bonne humeur pour son rééquilibrage.

 

En résumé, la force vitale de l’univers (l’éther) exprimée par le souffle de l’esprit et l’âme entre dans le corps physique via le cerveau et d’autres points énergétiques, comme le système respiratoire et le larynx de la gorge. Elle s’y manifeste de manière subtile * par une polarité double : le système sanguin est porteur de cette vitalité à la base de toutes les fonctions organiques, le système nerveux est porteur de son électricité. À ce stade, l’esprit conscient de l’être humain dispose par l’énergie reçue de tout le pouvoir et de toutes les capacités pour le bien-être de son moi intérieur, à partir de sa spécificité biologique à nulle autre comparable. Cette unité fonctionne à partir des interactions existant entre le système nerveux, le système glandulaire, les muscles et leurs expressions sous forme de qualités, de caractère, de personnalité et de relation à l’entourage. Aussi sa santé repose sur l’harmonie de ces deux champs de force, le système sanguin et le système nerveux, qui se traduisent sur trois plans :

- Au plan du vécu matériel, cette énergie de feu crée la passion, le désir, la procréation et la vitalité physique.

- Au plan du vécu émotif, elle entraîne ambition, création, esprit de décision et rêves.

- Au plan du mental, elle agit sur l’intellect, le pouvoir, le charisme et le leadership.

* La notion d’anatomie ou de corps subtil n’est pas que l’apanage des traditions indiennes ou chinoises. Les Grecs comme les Romains possédaient des connaissances de même nature (Cf. Platon dans son ouvrage « Le Timée »). Ainsi par exemple la référence aux chakras, ces canaux et centres énergétiques appelés vortex, interfaces entre l’aspect physique du corps et le cadre non-physique, dont les sept principaux se répartissent le long de la colonne vertébrale en suivant le chemin de la moelle épinière, du bas vers le sommet de la tête, comme les sept notes fondamentales de la gamme auxquelles ils correspondent. Ils assurent la circulation de l’énergie vitale, au moyen de la respiration et de la concentration.

Pour être harmonieusement contrebalancée et ne pas être polluée par des croyances limitantes et des peurs, cette force vitale doit être canalisée au plan spirituel par la recherche de sagesse, de compréhension, d’intégrité, de compassion. C’est une recherche constante d’unité, qui puisse lier fermement le corps et l’esprit, le mental, les garantir de tous dangers, les défendre contre tout ennemi intérieur comme extérieur. Cela requiert de la discipline, de la concentration et de la patience. Le corps comme l’esprit faisant partie d'un échange actif et constant, bloquer la circulation de l'énergie équivaut à entraver celle du sang. Quand le sang ne circule plus, il commence à stagner, à se coaguler, à cailler. C’est l’origine de toutes les recommandations bibliques relatives au sang, non pas sur un plan sacrificiel pris au pied de la lettre (sacrifice d’un animal), mais dans la nécessaire fluidité que l’être humain doit lui assurer.

Nous devons donc donner et recevoir pour que les bienfaits que nous désirons puissent circuler dans notre vie. Lorsque l'Âme s'est départie et est du Tout éteinte, il n'y a plus de vie en cet endroit, et il n'y a aucune espérance de la recouvrer. Voici pourquoi une chose sans Âme est grandement imparfaite.

État d’esprit, état d’âme, état de fonctionnement du corps : l’entreprise comme l’homme avancent-ils à l’aveuglette, ou maîtrisent-ils en toute connaissance les éléments propres à ces trois états ? Quel état corporel privilégions-nous ? Santé ou maladie ? La maladie est-elle un désordre génétique ou une maladie de la mémoire, de l’âme, par notre obstination, orgueil, aveuglement, manque de confiance, nos idées reçues, nos fausses croyances ? Notre façon de penser peut-elle remettre de l’ordre dans nos désordres ? Si la santé c’est l’ordre, les interférences nous renforcent-elles ou nous affaiblissent-elles ?

La clé de compréhension réside dans cette loi de la Nature, dite Principe de Correspondance ou du reflet : ce qui est en Haut (Esprit) est comme ce qui est en bas (Corps) ; ce qui est en Bas (collaborateurs) est comme ce qui est en Haut (Dirigeant). Sur un plan neurologique, ce que pensons et répétons, et ce que nous en faisons, la manière dont nous agissons physiquement, font ce que nous sommes en corps comme en esprit. Tout l’art consiste alors à associer la maîtrise du corps à celle du mental, sans jamais perdre de vue la seule chose qui soit essentielle, la réalisation du Soi.

 

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