Le courage de dire NON

 

La lâcheté humaine est vieille, d'aucuns diraient comme le monde. Elle est la marque du déni de son Êtreté première, soit l'abandon de sa lumière aux forces ténébreuses subtiles logées dans la psyché, qui conduisent l'être humain à accepter sa médiocrité, sa petitesse, sa bassesse, faute d'avoir réalisé son parcours d'individuation libératoire, la quête de son Unité. Elle est la marque de servilité de (presque) toutes et tous, et notamment de tous ceux qui, aux manettes et commandes des affaires publiques comme privées, obéissent servilement et appliquent des ordres illégaux et moralement ou éthiquement contre-existentiels, de leurs pairs, obligés et institutions. Il faut en effet du cran pour être courageux, vertu rare car le courage se paie dans notre réalité terrestre désacralisée.

Il se paie au sens propre, comptant, financièrement, au détriment de nos intérêts ou espoirs pécuniaires. 

Il se paie socialement, car il est plus facile de dire ce que le système veut entendre que de dire ou décrire la réalité que l’on ne doit pas montrer.

Il se paie parfois de sa liberté, par la matraque, la prison, et parfois la mort.

Dire non c’est difficile, mais c’est ce qui fait de nous un Homme, un Humain.

Pourtant le non est subversif et de ce fait thérapeutique, car il renvoie l’autre, autrement nous-même par effet miroir, à son impuissance. Le non que chacun(e) peut prononcer est une arme redoutable, bien plus forte que ce que l’on peut penser ou imaginer. En renvoyant l’autre, celui qui le reçoit et par effet boomerang nous-même, à son (notre) impuissance, nous nous dégageons de la peur, cette emprise aliénante qui nous empêche d'être nous-même, un être souverain. Lorsque l’on dit non, quel choix reste-t-il en effet à celui (nous) à qui l’on refuse ? Soit il accepte notre refus, et nous avons gagné notre liberté, soit il est obligé de devenir " violent ", a minima par intimidation, et de nous imposer un oui à la place de notre non, un oui qui ne sera ainsi obtenu que par la force. Dans ce cas, nous avons gagné également, l'autre (nous) apparaissant pour ce qu’il est, une "dictature en marche " pour se référer à l'actualité étatique qui nous gouverne ...

Dans la vie, savoir dire non à l'ombre oppressante, c’est se saisir de l’un des plus grands pouvoirs, le oui au Vivant. En apprenant à dire non avec discernement lorsque notre intégrité est menacée, nous disons oui à notre grandeur, et récupérons alors la puissance qui nous a été dérobée par manipulation.

Ainsi le dirigeant/manager est appelé à travers l'exercice de ses responsabilités professionnelles à prendre conscience de l'illusion de ce monde qui le conduit à son involution s'il continue de jouer le jeu de la vie à l'envers, ou à son évolution s'il décide par son libre arbitre de le regarder à l'endroit. Quel courage de dire non à devoir licencier d'autant plus de façon injuste, à fabriquer et produire des éléments nuisibles à la santé, à corrompre pour obtenir certains marchés, à révéler certaines pratiques et affaires attentatoires à l'intérêt général, à refuser certains postes conduisant à se " salir les mains " avec les "avantages " qui vont de pair (statut, véhicule, primes, options sur actions ... ) ? Il est si facile de pudiquement voiler sa "conscience " en se disant que " tel est le système ", " si ce n'est pas moi ce sera un autre ", que nous avons une famille à entretenir et des charges à rembourser, que nous sommes par ailleurs quelqu'un de bien, engagé dans l'associatif, le bénévolat, l'humanitaire, que nous allons à la messe ou au temple, que nous nous occupons avec tendresse de nos vieux parents ...

La vérité est que nous sommes corrompu, comme tous les autres de nos congénères acceptant de servir un système totalement dévoyé pour nourrir la prédation des esprits qui le préside. Un corrompu légal, certes, estampillé " cadre supérieur " pour ajouter à l'illusion de notre égo boursouflé, mais un corrompu quand même, dans la mesure où toutes ces menottes apparemment confortables et sécurisantes font de nous un esclave consentant, qui devient actif comme bourreau ou passif comme victime pour pouvoir continuer à se goinfrer de la bonne soupe qui lui est servie, alors qu'elle est totalement indigeste pour la libération de notre âme de ce grand tas de fumier à contre-essence civilisationnelle.

Être libre, véritablement libre, pour devenir le véritable héros de notre Vie et non celle qu'il nous est donnée d'interpréter par procuration nécessite de dire Non. Sans cette force d’âme salutaire, la plupart des êtres humains préfèrent l'illusion de la grandeur d'apparence, celle d'une vanité statutaire qui n'est que le vernis du poison de la corruption destiné à les empêcher de s'éveiller à Ce qu'Ils Sont vraiment. Nous sommes sur ce chemin de notre vie face à nous-même et au reflet de notre âme. Et le choix que nous faisons pour la nier ou l'honorer est déterminant quant à la partition de notre destinée.

 

 

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