L'entreprise collaborative

Le sentiment de partage génère confiance et solidarité. "Je gagne parce que tu gagnes"

Fondement

Le fondement théorique de la civilisation industrielle est la compétition, dans un contexte de développement de la puissance nationale au sein d'un échiquier devenu depuis trans-frontières. Cette société de nature compétitive insuffle par des récompenses extrinsèques - argent, gloire, statut social - l'énergie nécessaire à l'ego-mental d'individus capables de soutenir une telle lutte, le management des ressources humaines étant fondé sur l'élimination de tout facteur entravant les règles et nécessités de la libre compétition. Elle conduit à garder pour soi une information afin d'avoir un avantage sur ses collègues. Parce que la société nous met en compétition dès notre plus jeune âge, nous sommes conditionné à voir chez notre prochain un potentiel adversaire, non un partenaire.

Sa source est L'enquête sur la nature et les causes de la richesse des nations d'Adam Smith.

Ce modèle est en cours de disparition, même s'il est encore tenace dans l'esprit de toute une génération de décideurs et manageurs aux commandes.

Dans une société désormais en réseau, multi connectée, qui pense et aspire à qualité plus que quantité, l'heure est à la " synergie enflammée " * des équipiers, basée sur des récompenses intrinsèques, la joie et le plaisir, correspondant à l'état de conscience nouveau de l'être humain dans sa relation à l'environnement et à lui-même.

* emprunt à Shirô Tenge (de son vrai nom Toshidata Doi), ancien vice-président de Sony, inventeur du CD.

 

Le mythe de la séparation

 

                Caïn et Abel

   (Chapitre 4 de la Genèse)

Éléments-clés

 Sens du rituel

Sacralisation du bien commun

 

Sens de la structure géométrique

Pyramide, cercle, carré... 

 

La synargie

 

Le chaînage biologique de la vie

La double polarité masculine et féminine 

 

Règle du "3 + 1"

Le principe gagnant de la relation humaine 

 

Les quatre quadrants de l'entreprise dite 3.0

 

Les quatre clés du renouveau du leadership

 

L'état de flux, moteur de la synergie enflammée

 


QUELQUES " CLASSIQUES "

Principe général du Management

Nos différences sont la richesse de l’humanité, et nul individu est supérieur à un autre.

Il est seulement prédisposé pour une expérience spécifique, dans un milieu spécifique. Quand chacun sait qui il est et pourquoi il est ainsi, alors il peut apporter une contribution maximale à tous. Seule l’ignorance de ce qu’il est le conduit à détruire, consciemment ou inconsciemment, l’univers dans lequel il vit.

Le travail en équipe n’est qu’un exercice extérieur local afin d’apprendre que notre rôle est global. Apprendre à nous entendre et à être en paix avec tous nos éléments intérieurs, qu’ils nous plaisent ou pas, mène inéluctablement à nous entendre avec une équipe, puis une autre, pour enfin accepter toute la beauté du monde entier. Alors nous recevrons le plus cadeau de tous : celui d’être en paix avec nous-même, les autres et l’univers entier.

Au final, une " bonne " hiérarchie est celle dont l'exercice ne peut pas être remis en cause, seulement en raison de la compréhension véritable et instructive de son niveau de sagesse. Pour ce faire, il lui appartient d'être le plus possible dans un rôle de fédérateur de justice, en considérant comme une richesse d'obtenir des opinions contradictoires.

 

Passer de la compétition à la coopération

La dualité fonctionne sur les oppositions : le noir ou le blanc, le petit ou le grand, le fort ou le faible, et ainsi de suite. Ainsi, pour pouvoir classer les gens ou les situations, il faut faire appel à l’évaluation, puis au jugement et le cas échéant à la condamnation. Or toute comparaison procède forcément selon des critères fonctionnels, techniques, affectifs ou culturels. Elle est la source de toutes les formes de classement, et par là-même de tous les ostracismes. La forme la plus élaborée de la classification s’appelle la compétition, c’est-à-dire le classement d’un individu par rapport à un autre. La compétition est ce qui tue une société, car elle sépare, classe, juge et distribue les cadeaux comme les misères. Elle est l’expression d’un monde trivial, primaire, élitiste, autrement dit préoccupé par la survie des présumés plus forts au détriment des plus faibles. C’est un modèle d’asservissement inoculé à la conscience humaine depuis longtemps, expression d’un ego-mental qui s’est emparé à bras le corps de l’individu dans sa compréhension du monde. Il n’est en fait qu’une source d’émotions qui nuit littéralement à la paix du corps, de l’âme et surtout de l’esprit. Ce modèle est en déclin, en voie d’accélération de sa décomposition finale.

Dans la société qui vient vers nous, la coopération est appelée à se substituer à la compétition. Il n’y aura plus de " carotte " pour qu’un individu avance. Il n’y aura plus de comparaison possible, car chacun sera vraiment reconnu comme unique et indispensable à la manifestation de la Création. Il n’y aura que l’envie du cœur de vouloir tout simplement exprimer son unicité dans toute sa splendeur. Le cœur exprime l’amour, sans besoin de juger, de ranger dans des catégories, de considérer autrui comme une ressource que l’on classe banalement comme s’il ne valait rien ou beaucoup. Quand on EST, on est au-delà de toute comparaison et on accepte tout bonnement ce qui EST. Cela ne veut pas dire qu’on l’aime forcément, mais cela permet de désactiver la centrale émotionnelle. Si nous ne ressentons pas un individu, cela n’entraîne nullement l’obligation d’émettre à son encontre des émotions de haine, de dénigrement ou de colère. En restant neutre par le discernement juste, dépassionné et " démentalisé ", nous n’émettons pas d’énergies négatives. Nous éprouvons le plein respect de l’autre, sans émettre quoi que ce soit à son égard qui soit attentatoire à son intégrité. En faisant cela, nous prouvons que nous sommes sorti du moteur de la dualité, du jugement.

Comme nous attirons à nous ceux qui sont sur la même fréquence, nous avons les clés du monde que nous voulons vivre. Guerre ou paix, le résultat est de notre entière responsabilité.

 

Nous ne sommes pas un sauveur

Voici une illusion tenace de celles et ceux qui s’investissent dans une responsabilité, professionnelle comme personnelle. Celle d’être un sauveur pour les autres, qui plus est lorsque ces derniers le leur disent ou font comprendre. Et compte-tenu des causes à porter ou à défendre, la population des sauveurs est exponentielle, jusqu’aux plus hautes instances institutionnelles. La métaphore berger-mouton nous enseigne sur l’absurdité de cette posture.  Quelqu’un devient un mouton le jour où il confie plus ou moins durablement une de ses responsabilités dans les mains d’un autre. Cet autre lui apparaît comme l’expert, le maître, qui saura résoudre sa problématique de vie. Par exemple, si nous avons un problème de santé, nous confions sa résolution dans les mains d’un médecin ou thérapeute afin qu’il nous soigne. Si cela est temporaire, pas de problème. Si cela devient nettement plus courant, pour ne pas dire permanent, l’autre sera devenu le berger, le gardien de notre santé, et nous bêlerons à chaque petit bobo. Ledit berger est devenu notre sauveur…

Cette parabole du Berger-Mouton cache une règle plus générale, celle du Bourreau – Victime – Sauveur. En effet, si le sauveur est le berger et que nous sommes la victime, il convient de se demander qui est le bourreau ? Dans le cas de la santé, ça s’appelle la publicité, les vaccins, la malbouffe, les addictions toxiques (tabac, alcool, drogues, caféine…) et tout ce qui nous conditionne afin que nous devenions une victime forcément involontaire.

Dans la réalité, nous sommes plus ou moins les trois à la fois dans notre quotidien. Pourtant, il n’y a pas à chercher un bouc émissaire puisqu’il n’y en a pas vraiment. Cette trinité n’est que le fruit de notre incompréhension profonde de Qui nous sommes, génératrice du moteur de la souffrance. Nous sommes forcément le bourreau de quelqu’un : enfant, conjoint, relation, collègue… Et nous nous sommes forcément déjà senti victime de quelque chose qui nous dépassait, tout comme nous avons forcément tendu la main à quelqu’un, souri ou donné de nous-même…  En fait, notre ego-mental est à la manœuvre. Comme juge intérieur il est notre pire bourreau, voyant plutôt en noir et froidement les choses. Et nous l’avons sur le dos en permanence. Il en découle naturellement par notre corps émotionnel le côté victime, par les pleurs et les râleries. Pour compenser, nous avons envie d’améliorer les choses en étant un sauveur pour quelqu’un. C’est l’élan spirituel censé réparer notre souffrance, alors qu’il ne fait que nous enfermer dans l’illusion de la rédemption chevaleresque. La religion l’a parfaitement inoculée dans son triangle bourreau - le Diable -, victime qui fait appel à Marie, et sauveur - le Christ et/ou Michaël -.

En se dégageant de l’emprise de l’ego-mental, en s’aimant et en s’accordant douceur et compassion, et en n’attendant personne d’extérieur à nous-même pour nous " délivrer ", nous pouvons sortir de ce triangle attentatoire à notre intégrité. La seule manière de respecter chacun est de ne pas devenir un bourreau, une victime ou un sauveur. Il s’agit de gérer ce qui se passe en nous et non à l’extérieur de nous, et c’est de cette manière que nous apportons la meilleure aide possible à l’humanité.

 

Du bien agir intègre

Derrière ce geste apparemment angélique peut se cacher en fait une manipulation de notre ego-mental attisée par un sentiment de culpabilité, soit vis-à-vis d’autrui, soit de nous-même. De notre capacité à en être conscient résulte son annihilation.

Seule la bonne action qui vient vraiment du cœur, basée sur un amour vraiment inconditionnel, est légitime car sincère. Si tel n’est pas le cas, c’est que nous recherchons à générer de la gratitude à notre égard, et demeurons alors la marionnette de notre croyance, au service d’un système totalement manipulatoire. L’acte de bien agir ne supporte pas le jugement. C’est seulement l’intention véritable qui en est la source qui nous permet de nous éveiller et d’évoluer en humanité. Aussi notre regard, et seulement le nôtre, peut discerner le vrai du faux. Personne ne peut le faire à notre place. L’intégrité, c’est notre affaire, et seulement la nôtre.

Le vrai bien agir, c’est celui que personne ne voit, dont personne n’entend parler. C’est celui que nous faisons au quotidien, loin des feux de la rampe, loin des ragots. Nous pouvons alors agir selon notre éthique, nos choix, en toute liberté. Chacune de ses manifestations est une opération de réparation interne. C’est pourquoi elle doit rester personnelle et non clamée en public. L’altruisme bien compris est d’abord un égoïsme bien vécu. Aussi nous n’avons plus à juger les actes des autres. Cela ne sert strictement à rien, sauf à nous sortir de nous-même. En faisant que les facettes extérieures à nous-même, les autres, ne soient pas polluées par nos propres pollutions intérieures, nous recevons une gratitude encore plus pure. Elle nous indique où nous en sommes sur notre chemin personnel, l’âme de l’autre sachant exactement ce qu’est en train de faire notre âme. Nous ne pouvons jamais bluffer à ce propos.

 

Faire de l’ego son allié

Pour atteindre paix et sérénité, avec soi comme avec les autres, point n’est nécessaire de tuer son ego. Ce serait comme retirer le moteur d'une voiture parce qu’il consomme trop… Si l’ego est le moteur, encore faut-il qu’il ne prenne toute la place et conduise la voiture, sinon la sortie de route est assurée. C’est malheureusement le cas pour une grande majorité de conducteurs, tout à la fascination de la puissance motorisée de leur véhicule qu’ils veulent afficher au vu et su du su du plus grand nombre… Aussi, dans cette ère du paraître, et ses corollaires que sont la comparaison, le jugement, le dénigrement, la dépréciation, la domination, il est normal qu’il y ait de profondes incompréhensions à propos du mental, de l’intellect, de l’ego, de la personnalité, du cerveau.

Le cerveau est le siège d’une forme d’intelligence appelé intellect, qui a pour objectif de rapprocher les choses afin d’avoir une meilleure compréhension de ce qui se passe dans le vécu de la matière terrestre et de sa densité. Il y a ainsi des intellects qui tournent vite, émoustillés par leur confrontation à la complexité, quand d’autres abordent de façon simple les choses de la vie. L’ego-mental, nourri d'intellect (hémisphère gauche du cerveau), autrement dit le " petit Moi " ou mental inférieur, permet également d’établir une frontière entre notre singularité et celle des autres, pour permettre l’affirmation de notre identité et de ses spécificités. Elles sont constitutives de notre personnalité. Les énergies constitutives de l’ego-mental inférieur sont de nature masculine.

La limite constituée par notre monde tridimensionnel et les croyances qui y sont distillées est la séparation, y compris au sein de collectifs (religion, politique,...) que nous choisissons pour la défense de nos intérêts particuliers. Elle entraîne la confrontation plutôt que la collaboration, même si cette dernière est martelée comme espérance afin de rendre supportable nos incessants combats.  Seule la connexion avec notre ego-mental supérieur, le " grand Moi " ou " le petit Soi ", situé hors 3-D, permet d’inverser notre vision du monde. Elle se fait au moyen de l'hémisphère droit du cerveau, siège de l'intuition, du ressenti sensible, en relation avec le cœur. C’est le passage dans une autre dimension physique, un autre plan de conscience, qui place le sacré de la Vie – le Divin – au cœur de la Création, tous ses éléments et formes ne faisant qu'Un. Les énergies constitutives de l’ego-mental supérieur sont de nature féminine.

Notre évolution correspond à notre habileté à faire travailler ensemble ces deux énergies : l’intelligence du cœur – sentiments et ressenti - et l’intelligence de l’esprit. Elle passe par l’équilibre des énergies masculine et féminine afin d’amener la paix à l’esprit (mental en surchauffe) comme au cœur (émotionnel exacerbé). C’est mettre fin à la dualité conflictuelle pour célébrer la dualité harmonieuse, collaborative.

Notre corps mental n’est là que pour diriger les choses en ce monde de matière, mais il n’est pas là pour indiquer la direction à prendre. A ce titre, il se doit d’être aux ordres du cœur, qui préfère l’être au paraître, à l’artificiel, au clinquant. C’est cela l’évolution : plus de vérité authentique et moins de fadaises et d’ignorance. L’être humain réalisé est quelqu’un qui est, qui vit et qui ressent. Il sait que son mental n’est qu’illusion et que son bavardage incessant n’est que du brouillard d’ignorance qui se complait dans l’apparence des choses. Il accepte son ego avec douceur et reconnaissance, sachant le remettre à sa place lorsque nécessaire.

 

Faire face aux agressions

La plupart du temps nous sommes globalement inconscient des répercussions mentales et émotives de nos réactions à ce que nous considérons être des agressions à notre encontre, auxquelles nous répondons soit par la contre réaction à nos yeux légitime, soit par la frustration et la rancœur. Ces réponses sont toutes fondées sur la peur, même si par bravoure et fierté nous affirmons " même pas peur ! ". Aussi chaque situation considérée comme agressive constitue une aubaine pour travailler notre aptitude à mieux nous connaître, à mieux nous cerner, et surtout à mieux réagir. En effet, la peur est généralement mauvaise conseillère, la voix du mental faisant tout pour garder la cocotte-minute en état de marche. Il n’y a d’autre alternative que de travailler ces peurs pour accéder à une paix de l’esprit, puis du cœur, et enfin du corps, et ce par la clarté dans notre analyse de la situation face au déchaînement des colères d’autrui.

1.

Face aux agressions mentales, il nous appartient de nous forger une carapace transparente efficace. Elle consiste dans la compréhension véritable de ce qui déclenche la colère de l’agresseur, en l’occurrence la peur, et par-là même l’ignorance. La source du problème est notre manque de connaissance des faits en cours et à venir, mais surtout l’incapacité de prendre conscience que l’agresseur se fait mener par le bout du nez par son ego-mental. Comme nous ne pouvons rien faire de mental contre un ego-mental en colère, il est vain de vouloir l’informer, ce dernier fermant les écoutilles par de la surpression. Il faudra donc attendre que la pression redevienne normale pour l’informer calmement et avec doigté. Aussi la seule vraie voie de traitement d’un individu qui pique sa colère " mentale " est la fuite physique si nous ne nous sentons pas à la hauteur. Si nous nous sentons plus fort et aguerri, la seconde voie est la toute-puissance de notre présence, centré en nous-même, en regardant la personne droit dans les yeux avec une certaine forme de compassion. C’est cette force qui fera que l’agresseur s’inquiétera de notre calme et de notre transparence à ses propos, ne lui laissant aucune prise. Il réalisera alors que défoncer la porte ouverte que nous sommes va le rendre totalement ridicule. En effet, l’ego-mental voulant devenir toujours de plus en plus fort, de plus en plus despotique, il voudra savoir quel est notre secret. Guerrier dans l’âme, compétiteur, sa principale force est aussi sa faiblesse…

2.

Si l’agresseur n’est pas sous l’emprise de son mental c’est qu’il vit littéralement ses émotions, au sens brut du terme. Il est impératif alors de garder son calme sous peine d’une confrontation pouvant confiner à la violence physique. Le recours à la diplomatie émotionnelle est requis, de deux façons. La première consiste à prendre le large, à s’éloigner en attendant la décharge de la tension, puis de revenir dialoguer comme si de rien n’était.

La seconde est de reprendre la posture du " Je suis là tout en n’étant pas là ", soit l’affirmation de notre force à être, et à rester centré. Désarçonné par le fait de " jouer " tout seul, l’agresseur est conduit à devoir se sortir de sa solitude, de son entêtement et de ses croyances qu’il peut tout contrôler à ses seules conditions.

Ne pas avoir d’émotion est simple quand l’autre n’a aucune emprise sur notre identité profonde, celle de l'unité. Si par contre nous n’arrivons pas à tenir, c’est que forcément nous nous faisons quelque chose à nous-même. A nous d'en découvrir la cause pour nous en débarrasser.

3.

Concernant l’agression physique, seule la fuite est la réponse valable si nous ne sommes pas parvenu à éviter par notre ressenti notre présence sur le lieu du danger. L’intelligence est l’évitement de la confrontation.

Si dans la vie de tous les jours il n’est pas toujours simple de fuir (solution 1), tôt ou tard la solution 2 s’impose d’elle-même. Autrement dit prendre un abonnement aux abonnés absents tout en étant présent physiquement. Par cette attitude, nous finissons par attirer à nous des personnes désirant vivre la même chose, l’harmonie relationnelle et la paix de l’esprit comme de cœur. Le tri s’opère alors entre les tenants de l’ancien système, compétitif et mortifère, et ceux qui construisent le nouveau monde, collaboratif et coopératif.

Enfin, si la personne nous griffe sans que cela soit intentionnel, il nous appartient d’être miséricordieux tout en la " réveillant " par une parole juste, incisive, aux mots bien pesés.

Il ne peut y avoir de paix profonde par la lâcheté et la fuite de ses responsabilités. Le mouton qui veut seulement brouter en paix pour finir à l’abattoir n’est plus de mise.

 

" Et alors… ? Mais encore… ? On s’en fout… "

Dans les astuces permettant d’éteindre la voix du mental ou de lui faire perdre pied, le " Et alors ? " ou " Mais encore ? " agissent puissamment sur la mécanique mentale de celui qui tente de nous asséner ses vérités et croyances, bien plus que le " On s’en fout " qui le fait pédaler dans le vide. L’interlocuteur ne peut que s’enfoncer dans ses propres incohérences pour découvrir qu’il ne fait que rabâcher des arguments qu’il découvre au fil de l'eau n’être pas forcément vrais et cohérents. Qui plus est, il va perdre la face, par rapport à nous comme à lui-même. Ceci passera par l’émotionnel, voire les insultes, d’autant plus face à notre apparent laxisme où aucune de ses armes ne pourra nous effleurer. Nous serons telle une porte ouverte offerte à un défonceur de porte qui ne trouve aucune résistance.

En le laissant s’enfoncer dans ses explications, saupoudrées de " Et alors ", " On s’en fout " et " Mais encore ? ", il finit par ne plus avoir de forces et être à bout de souffle. C’est un grand cadeau fait à tous ceux qui pensent avoir des biceps ou mollets d’acier, et qui rend la vie beaucoup plus facile en se débarrassant de ceux qui pensent avoir raison… Surtout ceux qui se sentent concernés pour nous sauver de nos illusions, de notre déni de (leur) réalité comme ils disent.

La bonne pratique nécessite que nous restions ouvert à ce que l’autre nous dit, pour éviter qu’il pense que nous nous moquons de lui. Cool, zen, ouvert et souriant, nous sommes tout en restant centré dans notre paix intérieure… Le résultat est la " guerre " des étoiles, une pluie de météorites lumineuses dans sa part de ténèbres…

 

La force de l’écoute

La communication est l’expression d’un partage d’informations entre des individus qui, pour être constructif, n’ont rien d’autre à faire que d’être eux-mêmes, tout simplement. Dans le fonctionnement habituel de notre monde, c’est tout le contraire. Chacun essaie de cacher ses " mauvais côtés " et " mauvaises intentions ", afin que l’on ne voie que ceux que l’on juge " bons ". Sans parler de cette fameuse intimité qui nous est toute personnelle. Le résultat est que notre confiance va à celui ou celle qui présente bien, non à quelqu’un qui dévoile vraiment ce qu’il est. Notre ego-mental nous conduit insidieusement à nous fier aux apparences, avec pour seul horizon le fait de nous ramasser tôt ou tard …

Si nous écoutons notre cœur, nous savons que c’est plutôt celui qui n’est pas trop dans le raffinement du politiquement correct qui est plus vrai, plus authentique, de ce fait plus prévisible, moins dangereux ou vicieux. Aussi nous n’avons pas le choix pour notre évolution que d’enlever toute notre garde-robe du politiquement correct et nous découvrir en toute intériorité aux regards des autres. Le cœur voyant vraiment tout, nous ne pouvons plus bluffer avec notre mental. Ce qui découle de ce non-jugement associé au lâcher-prise est tout simplement le fait de nous aimer nous-même.

Pour cela, nous avons à procéder calmement et à l’envers, car si nous nous mettons " à nu " en premier, nous aurons peu de chance de voir l’autre faire de même. Il faut commencer par ôter le manteau des préjugés, et voir comment l’autre réagit. S’il semble s’être mis aussi à l’aise en quittant son manteau d’apparat, nous pouvons l’amener à la table des discussions franches et sincères, où la qualité de notre écoute est déterminante à travers deux choses :

1. La déconnexion de notre mental de sa capacité de jugement.

2. L’ouverture du cœur et des oreilles.

L’autre ressentira alors que nous l’écoutons vraiment, et commencera à nous aimer tout simplement pour ce que nous sommes. Dans une communication, la première partie commence toujours par l’écoute, et ce n’est qu’ensuite que nous pouvons émettre en toute résonance partagée. En étant la curiosité, nous redécouvrons ce que veut dire le mot émerveillement. La Vie n’est qu’écoute, et en l’écoutant, c’est nous-même qui nous révélons aux autres et à nous-même !

 

La pratique du mensonge

Après l’écoute active, parler et communiquer sont les pièces maîtresses du management d’équipe. Se pose la question de la nature de l’information à donner pour faire avancer l’action, qui, entre rétention et mensonge, constitue une ligne floue.

Celui qui invente des faits qui n’existent pas est un menteur. Mais il arrive que l’on soit traité de menteur alors que nous avons dit la vérité. Cette perception découle de quatre possibilités :

. La façon dont nous avons dit les choses (le ton, la voix, le non-dit).

. L’insuffisance d’informations qui a induit un raisonnement erroné chez l’auditeur.

. L’état de la relation antérieure qui a déformé son écoute (effet mémoire par rapport à des faits anciens).

. Un contexte particulier extérieur aux propos tenus.

En réfléchissant sur elles, nous pouvons rétablir la confiance.

La pratique du mensonge repose sur de nombreux paramètres. En avoir conscience permet de découvrir les techniques subtiles et efficaces utilisées dans la manipulation d’autrui.

1 – Jamais ne dire quelque chose qui ne soit pas basée sur des faits réels, vérifiables, contrôlables et si possible connus de son interlocuteur. Cela permet de rassurer mentalement l’auditeur, tout en dissimulant autre chose.

2 – Donner l’information d’une manière bien ordonnée, ni plus ni moins, et attendre la réaction mentale et émotionnelle de son interlocuteur afin de caler sa voix, son humour, sa gesticulation et son non-dit.

3 – Développer une empathie réelle et faire vraiment ressentir que son écoute est très active pour faire tomber toute méfiance.

4 – Lâcher quelques compliments apparemment anodins mais ayant un impact très fort.

5 – Pratique du questionnement intéressé et sincère pour amener à dire ce que l’on n’aurait jamais voulu dire.

6 – Enfermer petit à petit son interlocuteur dans un schéma de pensée qui l’amène irrémédiablement là où nous voulons l’emmener.

7 – Pratique de l’humour, du rire et de l’autocritique de manière légère et spontanée.

Un vrai menteur est celui qui utilise l’information à des fins manipulatoires. Sa façon de distribuer l’information cherche à enfermer son auditeur dans un schéma de raisonnement conduisant à lui voler son pouvoir de décision et le mener à l’échec. Or chaque tentative de manipulation finit par se retourner contre son auteur.

C’est l’échange d’information fonction des prérogatives éthiques et professionnelles qui est à privilégier, soit la bonne info, au bon moment, au bon endroit, à la bonne personne, et avec la bonne attitude.

 

(Se) Parler et agir avec sincérité

Nous désirons tous la paix et l’amour inconditionnel, sauf pathologie existentielle. Et pourtant, nous sommes les premiers à entretenir à tout instant nos conflits intérieurs, à baigner dans le mensonge des compromis que nous ne cessons de passer avec nous-même. Combien de fois mollissons-nous dans l’atteinte de notre version humaine la plus élevée au titre d’une croyance ou règle, d’une habitude de pensée, ou tout simplement par manque de courage à nous affronter nous-même, la culpabilité ou la peur se cachant derrière nos " bonnes " intentions ? Constamment balloté entre l’extérieur et l’intérieur, nous nous laissons encore piéger par ce foutu paraître, pensant que nous ne pouvons pas véritablement être nous-même sous peine d’être catalogué dans la catégorie des illuminés, des rêveurs, des bizarres…

Pourtant, en étant sincère avec nous-même, respectueux de ce que nous sommes profondément, nous arrêtons de nous la jouer côté pile ou côté face selon les circonstances. L’unité, c’est d’abord être UN, en comprenant que c’est au centre que tout est calme. C’est là qu’intervient la sincérité, dans la reconnaissance de notre recherche constante de ce centre, notre identité première, notre identité divine. C’est tout à fait normal de chercher cet équilibre, c’est la marque de l’être humain conscient. Pourquoi alors vouloir le cacher aux yeux des autres ? Si c’est le cas, cela veut dire très clairement que notre volonté de paraître est encore vivace…

La vraie sincérité, celle qui s’exprime en toute simplicité, en toute innocence, est un acte qui dit " regardez-moi tel que je suis " tout en disant " je veux être moi, transparent aux yeux de tous, car je suis enfant de l’Un ". Cette simple attitude, empreinte d’humilité, fait que chaque être nous entourant se sentira en confiance avec nous, voyant que nous sommes sur le chemin du retour à nous-même. Nous pourrons ainsi leur donner envie de faire de même, afin de cesser de faire semblant d’être accepté. Établir une véritable communication avec les autres commence toujours par l’établir avec soi-même, avec son cœur et son corps.

 

Le parler-vrai

La majorité des salariés ne disent pas ce qu’ils pensent réellement, par crainte de conséquences négatives possibles. Imagine-t-on le gain d’efficacité si le manager pouvait connaître ce que pensent réellement ses subordonnés ! Seulement voilà, l’employé ne dit pas tout par crainte de représailles, et le responsable se tait pour éviter la panique générée par des propos trop vrais. Doit-on se résoudre alors à pratiquer " l’opacité responsable " ? Et jusqu’où peut aller la transparence, tout le monde ne pouvant encaisser certaines informations. Devons-nous laisser la peur guider nos relations inter-relationnelles, ou instaurer un climat de confiance suffisant pour s’exprimer librement sans craindre les foudres et surtensions locales ?

Un bon manager est celui qui sait inspirer confiance à ses troupes par son attitude vraie, authentique. Son état émotionnel doit refléter véritablement ce qu’il pense. Sa sincérité ne doit pas être remise en cause. C’est à ce prix qu’un climat de confiance propice à une vraie communication pourra s’établir. Parler vrai est une nécessité. Certes, dans les débuts, on prend des coups. Mais petit à petit, nos subordonnés arrêtent les attaques, intimement persuadés de notre bonne volonté à les aider dans leur tâche. N’importe qui, même un enfant, sait que quand il a fait une bêtise il risque de se faire remonter les bretelles. Alors, si nous le faisons de façon juste, ladite personne ne nous en voudra pas. Mieux, cela confortera la confiance qu’elle a en nous pour lui permettre de progresser honnêtement. L’essai-erreur est la voie principale pour qu’un individu s’améliore et acquiert une expérience. Il ne sert à rien de punir, de dévaloriser. Tout au contraire, nous avons à montrer que nous sommes attentif et prêt à donner un coup de main afin que l’erreur ne se reproduise pas.

La vie nous enseigne que chacun voit sa vérité. Vouloir dire ses quatre vérités à quiconque n’est donc pas le chemin le plus adéquat. Il s’agit avec discernement de favoriser la confiance par un comportement subtil adapté à chacun, selon le contexte, en transmettant à son interlocuteur ce qui lui est nécessaire de manière respectueuse et courtoise tout en étant ferme.

 

Donner le sens

Si l’on veut qu’une personne s’implique ou donne le meilleur d’elle-même, il faut donner du sens à l’action qu’on lui demande de faire. Cette règle de bon sens constitue le b.a.-ba pour l’être humain, permettant de :

1 – Stimuler n’importe qui en donnant du sens à l’action qu’on lui demande de faire, avec une carotte à l’appui.

2 – Faire comprendre que l’action doit être bénéfique autant pour le faiseur que pour tous.

3 – Adjoindre un compliment, reconnaissance qui fait toujours du bien quand l’action est finie.

4 – Comprendre qu’une promesse non tenue est la pire chose pour torpiller une bonne volonté.

Ainsi, pour donner ou redonner le goût de l’engagement au travail de vos collaborateurs :

- Ne faites pas des promesses que vous ne pourriez pas tenir.

- Expliquez leur les avantages qu’ils retireront de l’action à mener et en quoi elle bénéficiera à tous.

- Reconnaissez le travail accompli par des compliments sincères.

Fort de ces quelques règles fondamentales en sagesse relationnelle, vous deviendrez un manager reconnu pour son équité et son respect de la nature humaine.

 

L’Exemplarité

L’exemplarité est l’une des plus grandes qualités d’un manager. C’est au fil des jours et des bravades qu’elle s’acquiert. Montrer l’exemple est mentalement aisé, mais dans les faits cela demande du courage et beaucoup de détermination. L’exemplarité cache une notion de respect. Sans respect, nous ne sommes pas suivi. Et si nous y allons avec de l’autorité, nous ne pourrons obtenir par la crainte le meilleur de nos troupes.

Mettre en avant l’exemplarité, c’est d’abord reconnaître que quelqu’un a eu une conduite ou un état d’être qui peut servir d’exemple à tous. Car, tous autant que nous sommes, nous désirons intérieurement être meilleurs que ce que l’on est. L’exemplarité est ainsi un catalyseur d’ego, permettant de montrer que nous sommes un être humain qui veut s’améliorer en s’appliquant des règles à valeur reconnues par tous. Rien de tel pour galvaniser des troupes. La croyance de l’exemple en des valeurs partagées qui commence par soi-même mérite que tout manager en fasse son pain quotidien. Et tout acte, toute parole et tout comportement trahiront ce que vous pensez réellement. Tout mensonge appellera un mensonge en retour. Il en sera de même pour la duperie, la ruse, l’injustice. Bien heureusement, l’inverse est tout aussi vrai, alors semez la transparence, l’équité, la justice, le respect.

Enfin l’exemplarité appelle la reconnaissance que quiconque peut devenir fier de ce qu’il est.

 

Je suis responsable

Pouvoir compter sur quelqu'un est le cœur de la responsabilité. Et ce quelqu’un c’est d’abord et surtout nous-même. Cela veut dire que nous avons à être toujours à la bonne place, au bon moment, et que nous faisons ce que nous savons ce qui doit être fait. Nous ne remettons jamais à demain ce qui est à faire aujourd'hui. Tout comme lorsque nous commençons quelque chose d’essentiel, nous allons jusqu'au bout, peu importe les résistances que nous rencontrons. Nous ne sommes jamais découragé par les obstacles, car nous les voyons comme des leçons à apprendre, des pas en avant et des défis à surmonter. Nous sommes aussi stable qu'un roc car la sécurité et la stabilité nous habitent. Nous ne sommes pas affecté par les conditions extérieures, ni par le chaos et la confusion qui nous entourent. Quoi qu'il arrive, nous ne sommes pas en haut un jour et en bas le lendemain. C'est cela être absolument digne de confiance et être quelqu'un sur qui l'on peut compter. C'est être fort et avoir du courage. Alors que nous endosserons de plus en plus de responsabilités en étant digne de confiance, nous deviendrons de plus en plus fort, jusqu'à ce que plus rien ne soit au-dessus de nos forces.

 

L’Humilité

Généralement associé à retrait, mise en veilleuse, sinon de " fausse modestie ", l’humilité est une puissante qualité. Qui peut prétendre " être humble " s’il ne nourrit pas intérieurement un fort sentiment d’individualité, à l’instar de l’intelligence. Nous avons le droit de l’être, de le démontrer, mais en aucun cas de le dire ou l’affirmer. Quel paradoxe, quelle hypocrisie nous pousse à réfuter une qualité ou un don qui nous habite ? L’humilité est simplement l’acceptation totale de ce que finalement nous sommes, des ignorants de l’univers et de ses lois qui nous entourent et qui nous gouvernent. Une fois ce premier pas franchi, le second est d’accepter tout bonnement ce qui nous fait, sans jugement. Alors ensuite, nous pourrons exposer ce que nous sommes, sans culpabilité, sans crainte.

La force véritable d’une personne humble est son acceptation de tout ce qu’elle est, de tout ce qu’elle ne sait pas, de tout ce qui la fait vibrer. De par son acceptation intrinsèque de toutes ces inconnues, sa propension à classifier afin de juger sinon condamner s’amoindrira considérablement. Elle évaluera, mais ne jugera point. Elle comparera tout avec tout, sauf avec elle-même, car elle sait qu’elle est unique, et à ce titre incomparable.

Vivre l’humilité, c’est vivre comme un enfant qui sait qu’il ne sait pas grand-chose mais qui a soif d’apprendre de cet univers et de toutes ses formes de vie, à l’infini. C’est seulement quand une personne pense connaître que le fini s’installe, que les limitations prennent formes. Voilà pourquoi nous n’aimons pas quand quelqu’un dit qu’il est intelligent ou qu’il est humble, car cela nous choque au plus profond de nous-mêmes. Cela frôle la vexation de l’esprit qui chauffe très rapidement l’affect.

L’humilité est un état d’être indiquant que la personne en question a du recul par rapport à ses connaissances et par rapport au monde qui l’entoure. Il n’impose pas ses vues mais aime les partager afin de communiquer, et donc de mieux comprendre le monde des autres. Ainsi l’humilité demande de s’exposer, de savoir remettre en cause ses propres connaissances, tout en restant dans sa paix intérieure, sans colère et besoin de dominer.

L’humilité, c’est affirmer ce que l’on est et ce que l’on pense de toutes ses forces mais avec douceur et sérénité. Elle nourrit l’exemplarité, ce grand moteur pour entraîner les autres et avoir une autorité naturelle.

 

La Ténacité

Nous sommes naturellement tous impatients quant à la réalisation de nos désirs. Mais, pour construire dans la matière, il faut de la patience. Tout créateur, et nous sommes tous des créateurs, connait la frustration d’une intention de réalisation qui n’en finit pas d’être en chantier. Il en est de même pour tous les entrepreneurs, car ils partent de rien et surtout rarement avec les moyens. Ce qu’ils ont, c’est surtout la foi. La foi qu’ils vont réussir, qu’ils seront plus fort que tous les autres. Leur énergie est concentrée et focalisée sur leur idée, leur rêve, leur obsession. Puis le temps passant et les résultats se faisant attendre, l’entrepreneur créateur commence à peiner. Le doute frappe à la porte, l’entourage et les donneurs de conseils ne faisant qu’épaissir la brume qui s’installe entre lui et son rêve, au risque de commencer à broyer du noir et de concasser la confiance qui le rendait invincible.

Aussi la ténacité est un des paramètres les plus importants du créateur de sa vie. La ténacité, c’est être entêté mais pas borné. Nous devons rester souple tout en étant ferme, avaler des couleuvres et encaisser sans broncher. Nous sommes seul pour traverser un désert sans fin, et mesurons alors ce que nous avons dans les tripes. C’est nous-même qui décidons de baisser les bras ou non face à nos peurs, doutes et incertitudes. Une fois franchie la barrière des peurs courantes, nous finissons par découvrir l’oasis de notre être intérieur, ses trésors que personne n’avait vu et encore moins nous-même. Chaque trésor découvert enrichit notre confiance en nos capacités, notre " foi ". Et cela, à jamais, personne ne pourra nous le prendre. La ténacité, c’est vouloir aller au-delà des apparences et découvrir qui l’on est vraiment.

Peu importe l’idée, le contexte et les moyens que nous mettons en œuvre pour monter notre création, car ils ne seront que des éléments extérieurs à nous-même, des miroirs de notre avancée dans la découverte de nous-même. Le principal combat est à l’intérieur. Aussi il convient de faire comme le roseau quand le vent est fort : plier sans rompre. Pour cela, nous avons à nous aimer, à avoir de la compassion et de la douceur pour nous-même, inconditionnellement, sans attendre quoi que ce soit de l’extérieur.

Si nous démâtons, nous aurons appris que nous étions insuffisamment préparé, ce qui nous donnera encore plus de force et de conviction pour recommencer. Une vie bien faite, bien remplie, correspond au sentiment que nous avons d’avoir mis en œuvre ce que nous pensions pouvoir mettre en œuvre.

 

Le Discernement

Tout ce qu’on nous dit n’est pas à prendre au pied de la lettre. Face à un interlocuteur ou à un donneur d’information, quel qu’en soit le support, nous avons systématiquement à détecter le bon du mauvais, le vrai du probable, afin d’en mesurer la justesse et les risques que nous prenons. L’information est toujours "teintée" par son émetteur, par rapport à ses croyances ou à ses objectifs nous concernant. Il en est ainsi tout particulièrement de la longue cohorte des " experts " agréés (comptables, juristes, banquiers, assureurs …), pour lesquels nous ne sommes qu’un poisson rouge coincé dans un aquarium. Il en est de même pour les "conseillers" et présumés professionnels aguerris, qui apparaissent et disparaissent de notre champ de vision à la vitesse de la lumière, juste le temps de commettre leur larcin.

Le discernement le plus vital porte sur tout type de contrat nous engageant dans la vie, professionnellement comme à titre personnel. Comme généralement le ticket de sortie coûte très cher, il convient de redoubler de vigilance. Il convient bien sûr de l’étudier avec soin, l’analyser, et après mûre réflexion prendre la décision. Mais surtout l’expérience montre que notre première impression à propos d’une personne est l’une des clés capitales qui forgent notre décision. C’est peu rationnel, mais cela marche quasiment à tous les coups. Au premier ressenti bizarre, inhabituel, notre vigilance s’éveille et cherche ce qui a provoqué cette alerte.

Il faut alors vaincre la puissance de persuasion de notre mental, en dépassant des apparences certes séduisantes mais porteuses de poison. Faire confiance à notre instinct, ressenti et sensation nous aide à survivre en ce monde. Notre capacité de discernement est notre armure sur le " champ de bataille " où tous les coups sont permis par les prédateurs sans scrupules.

Il faut simplement savoir que notre petite voix parle faiblement comparé à la fanfare de notre mental.

 

La compréhension du pardon

Pour l’ego-mental, le pardon est soit la posture morale des faibles, soit un vernis de surface socialement acceptable. Tout à la défense de sa singularité séparée, il ne peut se résoudre à balayer l’affront ou l’offense qu’il considère commis par autrui à son moi, en tout cas ressenti comme tel, pas plus que d’avoir été démasqué pour ses propres turpitudes commises et, de ce fait, connues par l’autre. Pourquoi faudrait-il alors sacrifier sa légitime colère, accorder une grâce injustifiée et imméritée, dénier la réalité ?

L’erreur commise par l’ego-mental illusionné est que le pardon n’est pas demandé pour ce qui est vrai. Il doit être limité à ce qui est faux, c’est-à-dire les illusions de la séparation avec l’Unité. La vérité étant l’Unité, vouloir pardonner en Son nom est ainsi insignifiant, non avenu. Comment en effet pardonner à ceux qui, en découlant, ne sont que perfection ? Si nous le faisons, c’est que nous sommes encore trompé par les artifices de la dualité entre les présumés bons et leurs opposés les méchants, c’est que nous pensons que nos propres péchés sont réels. Comment alors ne pas penser que le pardon accordé aux autres n’est pas une tromperie ? Il est en effet impossible de penser que le péché est vrai et de ne pas croire que le pardon est un mensonge. Le pardon n’est alors qu’un péché, disant que la vérité est fausse, et souriant aux corrompus comme s’ils étaient irréprochables. La culpabilité ne peut pas être pardonnée. Commise elle est éternelle, son absolution relevant du pardon s’avérant être une hypocrisie. Ceux qui sont pardonnés sont doublement condamnés : d’abord par eux-mêmes, pour ce qu’ils pensent avoir fait, et par ceux qui leur pardonnent.

Ce n’est que l’irréalité du péché qui rend le pardon naturel et entièrement sain, procurant un profond soulagement à ceux qui l’offrent. Déposant les illusions aux pieds de la vérité, il permet leur disparition. Il les voit comme des illusions, non comme la vérité. Quand nous sentons que nous sommes tenté d’accuser quelqu’un de péché sous quelque forme que ce soit, demandons-nous plutôt : " Est-ce que je m’accuserais d’avoir fait cela ? ".

 

L'intelligence collective

Les interventions en intelligence collective font partie d’une école de pensée – Cf. Peter Senge * - qui part du principe que le modèle théorique " pour un problème une solution " ne fonctionne plus dans un monde complexe. Dans ce monde, il ne peut s’agir de découvrir " la meilleure solution ", qui n’existe pas, mais d’imaginer et d’expérimenter une pluralité de solutions qui vont interagir les unes avec les autres, s’entremêler, et contribuer au bon fonctionnement du système concerné en y incorporant sans cesse ce qu’il y a de nouveau et d’adéquat.

Comment en effet répondre aujourd’hui à des questions telles que " Comment éradiquer la pauvreté dans le monde ? ", " Comment résorber les inégalités entre personnes ou populations ? ", " Comment résoudre les problèmes liés au réchauffement climatique ? ", et aussi " Comment notre institution / entreprise / groupe, comment le fonctionnement de notre organisation peut répondre aux demandes contradictoires et sans cesse en évolution de ses clients, de ses usagers ? ". Pour ce faire, cette école prône la mise en œuvre d’une dynamique de groupe forte, par l’implication du plus grand nombre et leur reliance, sur le principe que la diversité, le partage et la mise en commun des points de vue, des expériences et savoirs, sont sources de richesse, d’inventivité et d’innovation.

Mobiliser l’intelligence collective d’un groupe est d’abord une invitation à s’engager dans la transformation d’un système à partir d’une intention préalablement clarifiée ou d’une vision du futur, sans attentes préalables sur les résultats que le groupe va proposer et mettre en place. Le groupe ainsi formé devient une entité à part entière distincte des individus qui le composent. Ses réactions sont spécifiques, cohérentes avec la logique propre du groupe, souvent de forte amplitude. Ses membres vont lutter, résister ou au contraire se laisser porter par cette dynamique. Pour ce faire, les porteurs de la dynamique ont nécessité de réinterroger préalablement leurs croyances personnelles nourricières de leurs propres perceptions, ainsi que de leurs modes de réflexion et d’action.

Tout naturellement, une vigilance constante au service de la progression du groupe s’impose. Si le groupe est déjà formé et connaît très bien sa tâche, il va vouloir passer très vite à l’action, sans avoir besoin de prendre le temps d’intégrer de nouveaux éléments, informations ou personnes. Il va s’irriter de ce qui semble le freiner, vouloir aller droit à l’essentiel et le risque est qu’il reproduise les mêmes schémas de comportements et de fonctionnement que par le passé. L’amener à se transformer va nécessiter d’introduire de la rupture créative dans les manières d’interagir et de travailler ensemble, ce qui va générer de l’inconfort pour le groupe mais également pour le système. Le facilitateur peut alors être interrogé, interpellé, bousculé. Si le groupe ne se connaît pas, il aura au contraire besoin d’un temps où chacun trouve sa place, sa voix, se perçoit membre du groupe à part entière pour apporter sa pierre à l’édifice. Le groupe définit ainsi ses contours. Le facilitateur qui connaît ce besoin sait que le temps pris en phase initiale permettra d’aller plus vite ensuite. C’est aussi le temps nécessaire pour créer le cadre de confiance, de crédibilité et de légitimité. Ainsi une bonne compréhension de la dynamique des groupes ainsi qu’une bonne perception des enjeux systémiques permettront au facilitateur d’accompagner les dynamiques collaboratives avec la distance nécessaire. Ensuite, l’intelligence collective se construit dans la durée de l’action partagée, à partir de la clarification permanente de l’intention individuelle et collective des acteurs : À quoi suis-je appelée à contribuer ? À quoi sommes-nous appelés à contribuer ? Plus cette intention est forte, partagée, riche de sens et de potentialités, plus le groupe trouve matière à puiser dans son intelligence, ses intuitions et ressentis pour trouver des pistes créatives, pour vivre un processus d’apprentissage où il n’y a pas de bonnes ou de fausses réponses, mais de nombreuses réponses à de bonnes questions posées et résolues ensemble. Elle nécessite écoute et observation empathique de ce qui se passe dans et autour de soi, c’est à dire tout ce qui porte en germe les graines du futur. Ces attentions et vigilances de tout moment, cette écoute des signaux dits faibles, sont sources d’anticipation de problématiques conséquentes à venir, pour que la perception commune de la réalité vécue conduise aux choix et décisions stratégiques établis.

Ce champ collectif génératif au travers du dialogue devient générateur de possibles. Ainsi les concepts de Forum Ouvert ou de World Café, qui ont une manière spécifique d’organiser le dialogue à partir de quelques principes clés ou les induisent : la suspension du jugement, l’écoute active et empathique, l’authenticité, la bienveillance, l’égalité de dignité de parole, l’ouverture aux autres et à leurs idées avec la contrepartie d’accepter de lâcher ses propres peurs et certitudes. À partir du moment où ces principes sont respectés et appliqués par toutes les personnes présentes dans un même lieu et pour un temps donné, alors sont rassemblées les conditions de l’émergence de quelque chose de nouveau, de différent, qui dès qu’il apparait est reconnu par tous comme une évidence. Même s’il n’était pas prévisible, il était déjà tissé dans les racines profondes du groupe, dans son ADN.

Déjà à l’œuvre de manière diffuse dans les pays anglo-saxons depuis plus d’une dizaine d’années et dans certains pays du nord de l’Europe, ce modèle répond à un besoin de plus en plus grand d’associer les parties prenantes à la co-construction de sens et d’innovation dans une période de profondes mutations.

* Peter Michael Senge est un scientifique états-unien, directeur du Center for Organizational Learning du MIT Sloan School of Management. Il est surtout connu comme auteur du livre " La 5e discipline " publié en 1990.